La Basilique de Notre-Dame de Fourvière, un symbole de Lyon

Vous l’avez sûrement vue de loin, surveillant Lyon de très haut… Mais quelle est cette immense église qui semble dominer la ville ? Et bien, vous l’aurez deviné, c’est la basilique Notre-Dame de Fourvière – après tout, vous n’avez pas cliqué sur notre lien par hasard !

La Basilique, une immense bâtisse du 19ème siècle, est un des points de repère de Lyon : parce qu’elle avait tout pour devenir symbole de la chrétienté lyonnaise autant qu’un symbole communal, elle incarne dans ses pierres une part des traditions et de l’histoire de la ville. C’est aussi un lieu majeur pour le culte de la Vierge, un culte spécifique à Lyon qui trouve son origine dans la relation spéciale qu’entretiennent Lyon et la Sainte-Mère.

Mais quelle est l’histoire de ce sublime bâtiment ?

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Il était une fois un jeune homme, bientôt vieux, qui voyageait en Italie…

Il y a bien longtemps, un homme avait travaillé sur quelques projets architecturaux à Lyon. Il était plutôt libre d’esprit, ne se préoccupait que peu de spiritualité. Parce qu’il rêvait de faire fortune, il voyagea en Sicile avec son frère. A Palerme, il découvrit les beautés de l’architecture du sud de l’Italie ; beautés qui allaient bientôt influencer son style architectural.

Mais ses expéditions lui coutèrent beaucoup plus qu’il n’aurait voulu… Pendant le siège de Palerme, entre 1848 et 1849, une peste dévastait la ville. Le frère de l’architecte tomba subitement gravement malade, puis mourut le jour d’après. Guerre et épidémie le laissèrent seul à s’occuper des funérailles. Il creusa de ses propres mains la fosse pour y enterrer le corps de son frère. Traumatisé, il quitta Palerme pour Rome, où il vécu un temps.

En 1850, il revint à Lyon, un projet en tête : il avait dessiné les premiers plans pour une nouvelle et immense église qui s’élèverait sur les hauteurs du quartier de Fourvière. C’était là, son nouveau rêve, sa nouvelle fortune.

Cet homme, c’était le dénommé Pierre Bossan.

Il y a bien longtemps, à Lyon, la Vierge Marie accorda sa grâce à la ville…

A Lyon, depuis le Moyen-Âge, la colline de Fourvière était dédiée à la Vierge Marie. La vieille église qui s’y trouvait, la chapelle Saint-Thomas, avait servi de lieu de pèlerinage. On y demandait des faveurs et des grâces à la Vierge. Un roi de France, Louis XIII, était même venu y honorer Marie lors de sa visite en ville, en 1476. Ainsi, il était naturel pour le peuple de Lyon de grimper la colline quand les temps étaient durs, pour lui offrir dons et prières, en échange de son aide.

Marie sauve Lyon de la peste

Quand une première épidémie frappa les orphelins de Lyon en 1638, le clergé local grimpa la colline de Fourvière et offrirent à la vierge or et cierges ; ils promirent aussi d’ériger deux statues en son honneur si elle débarassait la ville de la maladie. Elle leur accorda sa grâce ! La maladie disparut d’un coup ! Alors, quand une nouvelle épidémie démarra en 1643 aux abords de la ville, notables, personnel médical et clergé retournèrent exprimer leurs voeux à la Vierge. Ils furent bénis à nouveau ! L’épidémie ne toucha pas la ville !

Marie et la Fête des Lumières

Avant la construction de la Basilique, la Chapelle Saint-Thomas sur Fourvière était le lieu de culte dédié à la Vierge Marie. Le témoignage contemporain le plus marquant en est la Fête des Lumières.

En 1852, pour remercier la Vierge de sa protection, on commande une sculpture d’or de la vierge Marie, qui sera érigée sur le clocher de la chapelle Saint-Thomas, sur la colline Fourvière. Au départ, la sculpture doit être érigée le 8 septembre, date de la Fête de la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie – date de son anniversaire. Mais la météo est si catastrophique qu’on recule la date d’érection de la statue pour 3 mois complets !

Le 8 décembre, la pluie est torrentielle, et ils repoussent encore l’événement. Moi voilà que la fin de l’après midi arrive ; alors que le soleil se couche, la pluie cesse subitement… Un magnifique arc-en-ciel surplombe la coline de Fourvière. Miracle ! Si la statue ne peut être érigée la journée-même, les habitants de Lyon allument sur leur fenêtre une bougie pour célébrer l’événement. C’est pourquoi, tous les 8 décembre, tous les Lyonnais allument une bougie, en mémoire du miracle accordé par la Vierge !

Pierre Bossan revient à Lyon

Notre architecte, qu’on a quitté sur le chemin du retour, en direction de Lyon, est maintenant un jeune quarantenaire. Il est marqué jusque au plus profond de son corps et de son esprit par la brutalité de la guerre et la mort de son frère.

Après un temps de repos dans le pays natal, ses deux soeurs viennent le visiter. Elles lui expliquent qu’elles veulent toutes deux devenir nonnes. Après avoir longuement échangé avec elles, il cherche à comprendre leur souhait d’entrer dans les ordres. Elles lui expliquent qu’un homme, l’abbé Vianney (aujourd’hui le Saint Patron des Abbés), les a convaincu de suivre le chemin de la spiritualité.

C’est ainsi qu’il suivra ses soeurs à Ars, un village proche de Lyon, pour discuter avec l’homme qui avait tant influencé ses soeurs. Personne ne sait exactement de quoi fut faite la conversation. Mais une chose est sûre : quand Bossan revient à Lyon, il est profondément ému…

Puis bientôt, l’émotion se transforme en Grâce ! Bossan a eu une révélation quand il a parlé avec l’abbé. C’est ainsi que son projet de bâtir une nouvelle église sur la coline de Fourvière devint non plus un simple projet d’art, mais l’expression de son amour profond et renouvelé pour Dieu et la Vierge, elle qui avait accordé tant de fois sa grâce à sa ville de naissance.

Lyon est protégée de l’invasion Prusse !

Lyon avait été sauvée des épidémies par la Sainte-Mère. Quand vint la guerre, c’est encore vers elle que les Lyonnais se tournèrent. Après tout, ne les avait-elle pas sauvé déjà par deux fois ? Il fallait essayer à nouveau !

En 1871, Napoléon III fut défait par les Prussiens, qui marchèrent sur Paris et avançaient vers Lyon. Une fois Dijon prise, ils prévoyaient d’avancer vers le Sud…

C’est alors que les femmes de Lyon grimpèrent la coline pour prier la Vierge et lui offrir leurs plus précieuses possessions, dont leurs alliances. Les hommes, de même, suivirent le mouvement des femmes sur la coline de Fourvière. Le clergé promit que s’ils étaient sauvé de l’invasion prussienne, ils érigeraient une nouvelle église en l’honneur de la Vierge. Bénis furent-ils ! Les Prussiens ne marchèrent jamais sur Lyon. Marie les avaient encore une fois comblé de sa Grâce !

Bossan y trouva alors l’opportunité de réaliser le projet de la Basilique Notre-Dame de Fourvière. Lui qui avait souffert des suites d’épidémies et des guerres, il avait réalisé qu’à Lyon, tout le monde avait été protégé de la souffrance par la grâce de la Vierge ! C’est pourquoi lui, qui était maintenant très pieu, voulait remercier la Vierge de sa protection continue. Pour se faire, il bâtit la plus belle des églises sur la coline de Fourvière !

La Basilique de Fourvière en travaux

Bossan se concentre sur son grand oeuvre

Bossan, maintenant architecte de la Basilique de Fourvière, se retira dans le Sud de la France pour se concentrer sur son travail et l’étude de la Bible. Il délégua la gestion des travaux à Lyon à un jeune architecte, lui aussi homme de foi : Louis Sainte-Marie Perrin.

Parce que la vision de Bossan était profondément marquée de son expérience de vie, tout autant que par l’histoire de Lyon, le style de la Basilique est très spécial et très personnel. Inspiré par ses voyages, mais aussi ses tragédies personnelles, et le rapport qu’il avait à l’histoire de Lyon, la Basilique exprime une foi sans limite dans la protection accordée par Marie à Lyon. La Basilique avait tant mis l’accent sur le culte de la Vierge que l’évêque de Lyon, en voyant la progression des travaux, exprima son inquiétude quant à l’absence général de la figure du Christ dans l’église !

La part sombre de l’histoire

Même si les histoires de Bossan et de la Basilique sont épiques, elles cachent une part d’ombre sur la réalité de la société lyonnaise du 19ème…

En 1831, les Canuts, les ouvriers textiles de Lyon, subissent une crise liées aux changement des technologies de production en manufacture. Ils manifestent, puis négocient le droit à être payés décemment, ce qui les protégerait de la misère. Mais s’ils semblent avoir gagné la bataille sociale, ils vont petit à petit se trouver privé de leurs anciens salaires… Jusqu’à ce qu’ils se révoltent encore, en 1834. Cette fois, les autorités ne veulent pas les laisser gagner. Ils furent réprimés dans le sang par l’armée, et dûrent accepter la réalité de leur nouvelle misère.

Alors que la Basilique de Lyon était entièrement financée par de riches capitaines d’industrie et par les dons faits à l’Eglise de Lyon, on ne peut qu’être outré par l’érection d’un bâtiment si fastueux sous les yeux d’une population devenue miséreuse…

La plupart des Canuts vivaient sur la coline de la Croix-Rousse, l’autre coline de Lyon. Ainsi, quand la coline des ouvriers se trouvait écrasée par la misère, la « coline qui prie » reçut d’énormes fonds de ces gens mêmes qui refusèrent une vie décente aux ouvriers… Les ouvriers constatèrent avec la construction de la Basilique que l’argent accumulé par les capitaines d’industrie servait maintenant à autre chose qu’à les nourrir. Ils pouvaient voir incarné dans la pierre là où était le profit fait suite à leur répression…

La Basilica Notre-Dame de Fourvière, un témoignage du style neo-byzantine de Bossan

La consécration de Bossan

Malheureusement, Bossan mourut en 1888, 8 ans avant l’inauguration de l’éflise. Il est enterré à Lyon, au cimetière de Loyasse, à quelques mètres de sa plus grande oeuvre. Mais son coeur est dans la Basilique. Et ceci n’est pas une métaphore poétique. Son coeur est littéralement dans la basilique. En haut des escaliers menant à l’église basse, vous trouverez une plaque en mémoire de Pierre Bossan et c’est derrière cette plaque que son coeur est présérvé.

Depuis, la basilique est devenue le symbol principal de Lyon, dominant le paysage de la ville. C’est ainsi que le travail de Bossan à trouvé sa consécration. Et le style de son oeuvre est considéré comme une représentation majeure de l’architecture française du 19ème sciècle.

Fourvière: une église éclectique de style néo-byzantin.

Cela signifie que lors de votre visite, gardez à l’esprit que l’église de Bossan représente un style qui était très populaire au 19ème siècle en France, mais aussi très personnel à Bossan. L’architecture du 19ème siècle en France est souvent appelée « éclectique », car les architectes y trouvent diverses inspirations de chaque époque précédant la leur.

Pensez à d’autres œuvres d’art célèbres de l’époque : la basilique du Sacré-Cœur sur Montmartre, inspirée des églises byzantines et orthodoxes, ou l’Opéra de Paris, mélangeant des éléments gothiques et classiques. Le sous-genre de l’architecture éclectique de Notre-Dame de Fourvière est le style « néo-byzantin », inspiré des architectures grecques et du sud de l’Italie de l’époque byzantine – c’est-à-dire de l’architecture d’avant la chute de Constantinople et de l’invasion ottomane de la Turquie actuelle, en 1453.

C’était beaucoup d’informations…

Oui, je sais… Mais maintenant vous savez tout ce dont vous avez besoin pour apprécier le bâtiment !

  • Vous savez que la basilique de Fourvière représente la foi et l’histoire personnelle de son architecte !
  • Vous savez qu’elle a été construite en l’honneur des nombreuses grâces accordées à Lyon par la Vierge Marie !
  • Vous savez que la colline de Fourvière et sa basilique sont la raison pour laquelle nous célébrons la Fête des Lumières !
  • Vous savez pourquoi le bâtiment a un style néo-byzantin, et que son iconographie complexe représente les pensées spirituelles de son architecte !

Que voir lors de la visite de la basilique Notre-Dame de Fourvière

Comme nous l’avons expliqué, en raison de l’influence de Bossan de Palerme, l’église a un style orientaliste, néo-byzantin. Bossan a étudié le style des anciennes églises de Sicile, construites pendant le règne des rois normands au Moyen Âge et au début de la Renaissance. Pendant la domination normande, la Sicile était un point de rencontre pour toutes les cultures méditerranéennes. Les architectes ont importé des éléments architecturaux de l’architecture normande, italienne, romaine, arabe et byzantine. Ainsi, la richesse du style de la basilique vient de l’utilisation d’éléments ayant diverses origines, issus d’un contexte très multiculturel.

Lors de votre visite, soyez attentif à la diversité de ces éléments : par exemple, les matériaux exotiques (tels que l’onyx vert, le granite rose du nord de l’Italie ou le marbre blanc de Carrare), le fronton triangulaire rappelant les églises de style romain, les colonnes de style romain à l’intérieur et à l’extérieur du bâtiment, les motifs géométriques inspirés des arts arabes, les mosaïques murales dans un style qui rappelle les icônes grecques… et bien d’autres encore !

Ne manquez pas la seconde église sous celle principale. L’église principale est dédiée à Marie, mais vous avez une deuxième église entière en dessous dédiée à Saint Joseph.

Sur votre chemin vers l’église souterraine, vous verrez la plaque cachant le cœur de l’architecte Pierre Bossan. Vous aurez également l’opportunité de lire la prière dédiée à la Vierge Marie dans de nombreuses langues. Essayez de trouver votre propre langue !

Et enfin, soyez attentif aux sculptures sur les murs et le toit à l’intérieur et à l’extérieur de l’église. Vous remarquerez que certaines d’entre elles ont l’air étranges, surtout sur le toit de la deuxième église. En fait, c’est parce que l’église n’est pas terminée. Certaines des œuvres d’art n’ont jamais été réalisées. Par conséquent, vous verrez des morceaux de roche carrés au lieu de belles sculptures.

Et voici une brève chronologie des événements les plus importants pour Fourvière !

  • 1638/1643: La Vierge Marie protège Lyon de deux épidémies de peste.
  • 1850: Première étude architecturale de Pierre Bossan pour la basilique Notre-Dame de Fourvière.
  • 1852: Premier Festival des Lumières de Lyon.
  • 1871: La Vierge Marie protège Lyon de l’invasion prussienne.
  • 1872: La première pierre de la basilique de Fourvière est posée.
  • 1888: Décès de Pierre Bossan.
  • 1896: L’église Notre-Dame de Fourvière ouvre au public.
  • 1897: Le pape Léon XIII consacre Notre-Dame de Fourvière et la désigne comme basilique.
  • 1998: Le quartier de Fourvière est inscrit au patrimoine de l’UNESCO.
  • 2023: Votre hôte écrit cet article douloureusement beau pour vous.
  • Aujourd’hui: vous prévoyez de visiter ! Cette histoire ne doit pas se terminer sans VOUS !

En tout cas, même si cela a été un peu douloureux à lire, vous devriez maintenant visiter ! Alors, allez, courez à la basilique et visitez-la ! Ou peut-être prendre le funiculaire. La montée peut être fatigante !

Informations pratiques

Comment accéder:

A pied

Prenez la montée de Chazeaux, puis la montée de Saint-Barthélemy. Entrez dans le Jardin du Rosaire à votre droite et montez jusqu’à la basilique.

Depuis Saint-Paul, prenez la montée de Saint-Barthélemy et montez jusqu’à Fourvière.

Attention, les marches sont raides !

En funiculaire

Un funiculaire vous emmène à la basilique depuis le métro. Prenez le Funiculaire F2 en direction de Fourvière à la station de métro Vieux-Lyon/Cathédrale Saint-Jean.

En voiture

Prenez le tunnel Fourvière, puis la première sortie à droite après le tunnel (direction Vieux Lyon). Prenez la montée de Choulans, puis à droite au premier feu rouge.

Horaires d’ouverture:

Grilles: de 7:00 à 22:30. 

La basilique: de 7:00 à 19:00. 

Point d’information: de 10h à 12h et de 14h à 17h.

Les jardins: de 7h à 21h30 en hiver et jusqu’à 23h en été

Parking: de 5h15 à 21h30 en semaine et de 9h15 à 21h30 le week-end

Visitez le toit:

Depuis la basilique Notre-Dame de Fourvière, vous aurez l’une des meilleures vues sur Lyon. Mais si vous voulez une vue encore meilleure, vous pouvez réserver une visite sur le site officiel de la basilique

Culte

N’oubliez pas d’être attentif aux fidèles pendant votre visite ! Un petit rappel des événements de culte hebdomadaires:

Messes
 Messes du dimanche: 7:30, 9:30, 11:00 et 17:30.
Prévisualisation de la messe du dimanche: Samedi à 17:30.
Messes en semaine: 7h15, 11h00 et 17h

Prières

Le chapelet: tous les jours de la semaine à 16h30.

L’office divin: les Laudes le jeudi à 7h45 et les Vêpres le dimanche pendant l’Avent et le Carême ou les grandes fêtes à 16h45.

Et si vous voulez plus d’informations sur ce bâtiment ou simplement vous promener dans les belles rues de Lyon, rejoignez-nous lors de l’une de nos visites à prix libre !

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